Au petit puesto d’Arroyo Pelon, Marcial, Ramonita et leurs zébus nous reçoivent cordialement. Après la messe, tous les voisins se réunissent autour d’un banquet auquel nous sommes conviés. Polenta au poulet et guiso de chorizo sur fond de folklore qui grésille.
Trente derniers kilomètres nous séparent de San Luis del Palmar que nous comptons rallier en ce jour du 24 décembre. Le ciel gronde de nouveau sur le chemin et nous trempe deux heures durant. “On va finir par manger des pâtes à la sauce désydrathée pour Noël.” désespère Clio.
A l’entrée de la cité, Marcial et son frère Tito sur les préparatifs du réveillon nous hèlent. Ils nous trouvent un terrain provisoire pour les chevaux. Les affaires n'étant pas en sécurité, nous passons Noël avec notre famille à quatre pattes. Côtelettes, frites, brioche arrosés de cidre et de fernet ferons tout de même un repas de roi. Crustacés et champagne resterons au pays imaginaire. A minuit, pétards et feux d’artifice fusent de partout. L’impressionnant capharnaüm effrait nos compagnons chiens qui aboient pendant que les chevaux galopent dans tous les sens.
Désireux de profiter des fêtes et de reposer la caravane avant la traversée du Chaco, Tito nous obtient l’autorisation d’investir le terrain du club de foot.
Le pub, le bal et la boite de nuit n’ouvrent pas avant deux heures du matin. La jeunesse traîne sur la place. Les lieux de fête faisant résonner cumbia, raggatown ou chamame sont tellement bondés que nous choisissons de désaltérer et de rire dans la rue en compagnie d’Iban et de Juan dit El Russo. Comme la police ne cesse bientôt de tourner pour faire respecter le cessz le feu à six heures du matin, sans musique les esprits s’échauffent sur la place. Un bel orage viendra raffraichir les idées des plus énervés.
Vient ensuite le temps de se moderniser, ou bien la recherche de nouveau matériel. Gaby nous a fait baver à Mburucuya en nous montrant une selle idéale pour la randonnée. Il nous a mis en tête que cela pouvait se trouver à Corrientes. La congalla de Bariloche a les arçons beaucoup trop galbés ce qui la fait courrir sur le dos tout en appuyant trop au milieu. Egalement trop
Ce sera finalement grâce ou plutôt à cause de Rustine que nous trouvons notre bonheur. Pendant les fêtes, les enfants ne cessent de tirer des pétards. Attachée à côté de la tente durant notre absence, cette chère gardienne à pattes se trouve complètement affolée par deux puissantes détonations. A notre retour, nous trouvons notre habitation de poche détruite, arrachée, machouillée, en lambeaux. Les jeunes qui assistèrent au massacre n'ont rien pu faire de peur d'y perdre quelques doigts. C'est donc sur le chemin pour racheter une nouvelle maison que nous entrons dans une ultime talabartería. Le type nous sort deux vieilles selles poussiéreuses de derrière les fagots, de la police montée paraît-il. Marché conclu. Nous vendons nos congallas et commençons à réparer nos vieilleries, beaucoup plus faciles à modifier que nos anciennes. Etant imposible de trouver une selle de bât correcte, nous trouvons un vieux squelette en bois à retaper dans une menuiserie. Elias et Pedro de la talabartería Valenzuela nous offrirons le cuir et Luisito fera un travail remarquable.
Durant ces quelques expéditions, nous arpentons les rues de Corrientes, son asphalte brulant, ses gazs d'échappement et ses plages de la Costanera sur le rio Paranà. Au milieu de cette immensité de béton déhambulent des charettes. Eboueurs clandestins qui font le travail pour une bouchée de pain. Le cheval, la mule ou l'âne sont leurs outils de travail, mais ceux-ci ne devant pas coûter cher, on les retrouvent en piteux états. Harnachements maison blessants, fers branlants, maigreur et surtout un regard si triste… Ils invoquent la pitié, travaux forcés dans une prison de ciment, tirant comme des forçats une charette mal équilibrée, attelée de biais. En fin de journée, ils sont lachés dans les rues de banlieue, à eux de se débrouiller pour trouver à manger. Certains sont alors contraints de fouiner dans les poubelles. Quelle reconnaissance pour un animal si noble qui consacre se vie à travailler pour l'homme ?
Nous sommes déjà le 17 janvier, il est largement temps de se remettre en route. Les aux-revoirs à nos voisins et amis
Mundo chaqueño.
Une fois à Colonia Benites, nous cherchons plutôt un endroit où nos compagnons puissent être en liberté, s'aidant ainsi mutuellement à chasser les bestioles. Xavier Antoni Vallussi nous accueille dans l'enceinte de l'école No 101 de Campo Rossi. Lui même y fait paître ses chevaux qui lui servent encore à travailler les champs. A l'aurore, le voici derrière sa charrue à traction animale pour enlever les herbes entre les plants de manioc et de patates douces.
Nos maudites selles ont encore besoin d'être modifiées. Celle de bât est trop fermée et les arçons d'une autre méritent d'être plus galbés. Les chiennes boitent, des épines sont
Cétait le bon choix, Mario Velásquez, Griselda, leurs filles Brisa et Guadalupe ne
LORSQUE LE BONHEUR ET LE MALHEUR FONT DES ETINCELLES.
Nous venions à peine de remettre un sabot devant l'autre qu'à la mi-journée Mouloud gratifie Rita d'une ruade en plein membre antérieur droit. Une plaie s'ouvre sur deux centimètres, faisant boiter la jument pendant quelques heures. Nous sommes alors contraints de marcher à pied pour la soulager ainsi que de permettre aux courbatures dorsales de Godo de se résorber totalement. La chaleur est telle que nous absorbons cinq litres d'eau chacun par jour. A part la présence constante des moustiques, cette l'eau des marécages et lagunes permet d'abreuver et de baigner régulièrement les animaux. Soixante kilomètres plus loin à Colonia Elisa, la jambe de Rita gonfle soudainement au niveau du genoux. Mauricio, un vétérinaire de l'estancia la Sonia et de la SENASA rencontré un peu auparavant, vient proscrire des anti-inflamatoires, des anti-biotiques et surtout du repos. Avec cette chaleur humide, n'importe quelle blessure même bénine prend souvent des proportions démesurées. Mauricio et Neco viennent accompagnés de Martin Goujon pour proposer un pré le temps nécessaire à la récupération. Ses parents Jorges et Graciela Goujon nous invitent même à venir habiter chez eux, nous accordant directement leur entière confiance. Nous découvrons alors une famille cultivée, au précieux enseignement general, historique et musical. Graciela, ex-professeur de chimie est également chanteuse de chamame dont son album s'appelle "Graciela Kaenel y Coco Amarilla, Tal vez no pase el tiempo". Jorges qui dirige une immense ferme de bétail et de céréales est aussi passioné de musique "mais plus tranquille que vous parce qu'on est plus vieux." plaisante-t-il. Martin et sa copine Romina ont le tact de nous offrir un disque de musique traditionelle des indiens Toba du Chaco "Qom Doqshé, aborigen y criollo" ainsi que "Tonolec" qui associe le style Toba à l'électronique.Le Tonolec est un hibou qui hypnotiserait les autres oiseaux.
Nous venions à peine de remettre un sabot devant l'autre qu'à la mi-journée Mouloud gratifie Rita d'une ruade en plein membre antérieur droit. Une plaie s'ouvre sur deux centimètres, faisant boiter la jument pendant quelques heures. Nous sommes alors contraints de marcher à pied pour la soulager ainsi que de permettre aux courbatures dorsales de Godo de se résorber totalement. La chaleur est telle que nous absorbons cinq litres d'eau chacun par jour. A part la présence constante des moustiques, cette l'eau des marécages et lagunes permet d'abreuver et de baigner régulièrement les animaux. Soixante kilomètres plus loin à Colonia Elisa, la jambe de Rita gonfle soudainement au niveau du genoux. Mauricio, un vétérinaire de l'estancia la Sonia et de la SENASA rencontré un peu auparavant, vient proscrire des anti-inflamatoires, des anti-biotiques et surtout du repos. Avec cette chaleur humide, n'importe quelle blessure même bénine prend souvent des proportions démesurées. Mauricio et Neco viennent accompagnés de Martin Goujon pour proposer un pré le temps nécessaire à la récupération. Ses parents Jorges et Graciela Goujon nous invitent même à venir habiter chez eux, nous accordant directement leur entière confiance. Nous découvrons alors une famille cultivée, au précieux enseignement general, historique et musical. Graciela, ex-professeur de chimie est également chanteuse de chamame dont son album s'appelle "Graciela Kaenel y Coco Amarilla, Tal vez no pase el tiempo". Jorges qui dirige une immense ferme de bétail et de céréales est aussi passioné de musique "mais plus tranquille que vous parce qu'on est plus vieux." plaisante-t-il. Martin et sa copine Romina ont le tact de nous offrir un disque de musique traditionelle des indiens Toba du Chaco "Qom Doqshé, aborigen y criollo" ainsi que "Tonolec" qui associe le style Toba à l'électronique.Le Tonolec est un hibou qui hypnotiserait les autres oiseaux.
Au campo, Marcelo et Aurelio, les muchachos chargés du bétail nous emmènent avec leurs chevaux contrôler vaches et nouveaux nés. Après avoir regroupé tout le troupeau, nous passons en son centre tout doucement. Les chevaux connaissent suffisament leur travail pour ne pas effrayer les bêtes. Un veau titube, il n'a que trois jours. Il faut d'abord le marquer, puis lui désinfecter le nombril où les mouches viennent rapidement y pondre leurs oeufs.
Chaque jour nous allons au campo pour bichoner la patte de Rita. Tout allait pour le mieux après cinq jours de repos. Le membre était dégonflé, la plaie refermée. C'est la conscience tranquile que nous passions la voir dimanche après-midi. C'est alors une vision d'horreur. Rita est au milieu du champ sans pouvoir poser la patte, la plaie sanguinolante. Visiblement le pire, l'irréparable est arrivé. Le haut de la patte est fracturé à l'endroit même que la ruade reçue la semaine passée. Jorges également vétérinaire vient confirmer le diagnostic. Incomprensible, tout allait si bien. Comment ? Comment cela a-t-il pu arriver ? L'os aurait sûrement été fêlé ce qui aurait causé une semaine plus tard dune fracture de fatigue.
Cris, pleurs, rage.
Nous savons d'avance ce qu'il en est. Avant de commencer le voyage nous étions preparés aux coups durs, à l'éventualité de perdre un équipier et frère chien ou cheval. Nous avons toujours étés attentifs à leurs besoins, à leur bien-être, à leur sécurité. Mais aujourd'hui ce qui arrive est fatal et injuste. La fracture est le pire qu'il puisse arriver au cheval. Non seulement un os de cette taille, à cet endroit et avec une plaie ouverte ne pourra jamais se consolider, mais les antérieurs supportent plus de soixante pour cent des cinq cent kilos de l'animal. Il ne peut vivre sur trois pattes, ne serait-ce que quelques mois sans créer d'autres problèmes, une souffrance et un handicap. Diego, un autre vétérinaire de la SENASA vient tout de même la voir, appelle un chirurgien équin, ils ne nous laisserons aucun espoir. Rita est condamnée. Il est de notre responsabilité de ne pas la laisser souffrir, elle qui ne comprend pas ce qui lui arrive, qui ne cesse de hennir à notre vue pour que l'on vienne l'aider, bloquée de douleur.
Jusqu'au dernier moment, elle se sera régalée grâce à son appétit d'ogre de carottes, de pommes au sucre… Nous l'avons soutenu jusqu'au dernier souffle pour l'emmener rejoindre Takasuivre, son fils imaginaire qui nous avait fait tant rire. Triste fin d'une si belle histoire, d'une si belle relation. C'est ici que s'arrête notre voyage, l'aventure serait trop amère sans notre petite Rita.
Merci à tous ceux qui nous ont toujours soutenus et qui sont avec nous en ce moment difficile. Vous nous donnez et vous nous avez toujours donné du courage…
Vous nous donnez et vous nous avez toujours donné du courage...
RépondreSupprimerGardez bien en vous ce bien précieux et rare. Prenez le temps et d'autres horizons se formeront.
Je vous embrasse,
Christèle
Je suis tellement triste par la fin de votre belle Rita.
RépondreSupprimerDe tout coeur avec vous, courage et bisouxx et caresses à toute la
caravane. FM
j'ai le coeur tout sérré et la gorge qui me pique, je n'ai pas les mots, mais je suis à vos côtés.
RépondreSupprimerPour faire référence... ce n'est pas un adieu, juste un aurevoir.
je vous embrasse fort.
Quel voyage, je vous ai lu en pointillé mais vous m'avez fait rêver. Je ne pouvais pas imaginer cette fin tragique. Quel amour émane de votre périple, entre vous et vos compagnons. J'espère que cela vous aidera à continuer à avancer.
RépondreSupprimerAbbrasso.Roselyne
et merde, c est sur que 500 kg le cheval sur trois pattes pas possible!et du coup vous faites quoi les ptits loups avec le reste de la caravane?
RépondreSupprimervous revenez bientot en bzh je crois?
vraiment desolée pour la belle rita, je vous fait des gros bisous violets
gaela
Lo siento mucho,
RépondreSupprimerrecuerden que Rita siempre estará en sus corazones.. Suerte y a seguir adelante.. Besos a los dos!