Au moment de partir, les deux compères nous invitent à rester jusqu'à la grande jineteada qui a lieu dans une dizaine de jours. Un coup d'oeil à la carte et nous leur promettons de revenir assister à cette tradition qui leur est si chère. Le délai nous laisse le temps d'une excursion jusqu'au parc national El Palmar.
A Villa Clara, ce sont la famille de Colacho ou encore Stella, Tito, leur fille Johana et leurs voisins qui nous honorent par de multiples attentions. Stella passionnées par les oiseaux en détient une impressionante collection en cages. Une petite carpincho apprivoisée fait aussi partie de la maisonnée. Deux gauchos nous ferons une belle
San Ernesto est une petite colonie d'origine russo-allemande fondée par l'arrière grand père de Manuel Hill. A quatre-vingt deux ans, Manuel monte encore à cheval pour faire le tour de ses champs et y arracher les mauvaises herbes du haut de sa selle, binette en main. Dingue des chevaux, il a su constituer un sublime troupeau de robes pies dont certains semi-sauvages, crinières longues et emmêlées. Manuel, sa fille Martha, Tatino et leur fils Maximiliano nous convient à leur table pour un repas de roi, insistants pour que nous repassions les voir au retour. Ce sera chose faite et l'accueil est toujours aussi chaleureux.
Sur un coup de téléphone c'est le branle-bas de combat. Tout le monde en route, vite ! Yoann et Marilyn sont arrivés au Palmar à bord de leur Dodge aménagé, bière sous le coude pour fêter les retrouvailles. Huit mois sans voir les amis c'est long. Autant dire que le plaisir est immense de se rencontrer au bord du somptueux rio Uruguay, parmis les vizcachas qui
TEMPS DE FÊTE
De retour à Villaguay, la tribu française s'agrandie. Julien arrive en camion de
Il ETAIT UNE FOIS LA JINETEADALes chevaux sont en vacances dans un champs de luxe. Teke les a confié à son troupeau de jineteada à la sortie de la ville pour que nous puissions
assister à la fête de la tradition au Crispin. Le premier soir, un défilé digne de ce nom ouvre le bal avec pas moins de quelques cinq cent cavaliers. Pour alimenter un public carnivore, cinq vaches sont sacrifiées pour faire un "asado con cuero" et du "chorizo". Vingt troupes de dix chevaux chacunes sont présentes. Le samedi soir a lieu le rodéo en nocturne dans la catégorie "crines", c'est à dire à cru. Les conccurents se
font rapidement éjecter. Le lendemain démarre la catégorie "basto" avec selle et lanière de cuir en guise de frein.
Les animaux sélectionnés sont ceux qui "n'ont pu être débourrés" et qui "restent mauvais" nous conte-t-on dans l'assistance. Chaque cheval est amené pour être attaché à un poteau afin de le préparer. Nombreux sont ceux qui se débattent, sachant pertinament le sort qui leur est réservé. Ils tirent brusquement et de toutes leurs forces sur la corde au risque de se briser la nuque, perdent l'équilibre et tombent lourdement sur le sol. Si ces derniers ont le malheur de rester couchés, ils se trouvent assénés de violents coups de pied et de fouet.
Vient alors le paysan armé de ses bottes en cuir de poulain, de ses féroces éperons et de son rebenque. Il se met en place, la cloche sonne, on largue le cheval et le cavalier cravache de toutes ses forces en lui plantant les talons dans les côtes. Le cheval se débat, se dresse de toute sa hauteur, saute en long et en large, bondissant et ruant jusqu'a ne plus toucher terre, tombant parfois. Le public siffle, acclame. Les chevaux poussent des râles de souffrance. Deux cavaliers viennent secourir le paysan au vol. Lorsqu'ils arrivent trop tard, celui-ci s'écrase contre terre, finissant en ambulance. Ça peut tout aussi bien être le cheval qui ne se relèvera plus jamais. "C'est un sport, nous dit-on dans les tribunes, le paysan risque sa vie pour gagner la
prime." Tradition omniprésente dans la culture argentine, largement diffusée à la télévision, elle enchante le milieu équestre y compris ceux qui se disent amoureux des chevaux.
OASIS DE VIE SAUVAGE
En amont du rio Gualeguay, c'est la première fois depuis le début du voyage que nous trouvons un havre de paix en pleine nature "sauvage". Nous ne pouvons qu'y marquer un arrêt prolongé. Un monde d'insectes tous plus étranges les uns que les autres remplit de chants d'oiseaux. Le rio est tellement poissoneux que malgré nos maigres talents de pêcheurs, nous agrémentons chaque repas de succulents carnassiers grillés au feu de bois.
*rodéo
**cafard