Une éclaircie nous permet de découvrir le pueblo, désert aux heures de la sieste., puis de se faire détremper à nouveau. Arrive ensuite Lucas, palefrenier dans une immense gancha où nous irons voir un match de polo de touristes anglais et américains.
La mama de l’épicerie a parlé de notre projet à Sergio. Le lendemain nous voici chez son père avec trois magnifiques alezans et bais, quoique ayant l’air quelque peu stupides avec leurs crins rasés de joueurs de polo. Le prix est décidemment trop élevé dans cette région, mais Juan, le papa, équipe les chevaux de selles traditionnelles gaucho et nous emmène faire une balade enchanteresse. Après nous avoir montré les rudiments de la monte gaucho, la discussion s’installe tranquilement.
L’approche de la pampa se fait au pas. Le vent caressant nous fait parvenir les bruits de la campagne. Les chevaux, d’une maniabilité impressionante, partent vite au galop sur la piste de sable jusqu’à un lieu magique. Une forêt d’eucalyptus abrite d’immenses nids de perruches. Celles-ci vont et viennent, s’envolant dans des balais de quatuors, faisant résonner leurs cris saccadés. Entre les couleurs éclatantes de la végétation, un serpent noir gît sur la piste, séchant sous le soleil de plomb. Au galop, le vent nous rend ivres de liberté. Comme pour appuyer cette immersion dans la pampa, un tatou sort brusquement des fourrés. “Muleta, muleta !” s’exclame Juan en l’attrappant sans ménagement.
Au retour, Juan et sa femme Nelly nous proposent de planter la tente chez eux. Nous voici donc le soir à partager leur repas. Une soirée des plus agréable où notre espagnol est mis à rude épreuve !
Une certitude s’installe cependant: ce ne sera pas dans cette partie de l’Argentine que nous allons trouver nos compagnons de route, mais plutôt vers la Patagonie oú ils seront sûrement plus rustiques.